Catherine Chagnon de QuébecSpectacles a rencontré la comédienne et metteure en scène, Véronika Markissi-Warren, pour discuter du spectacle clownesque Walter Ego présenté dans l'espace temporaire de diffusion du Théâtre jeunesse Les Gros Becs situé au centre commercial Fleur de Lys à Québec. Il s'agit de sa première création à titre de directrice artistique de L'Aubergine.
...BALADO - Écoutez notre entretien avec Véronika Makdissi-Warren
Comédienne et metteure en scène, Véronika Makdissi-Warren est diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec où elle enseigne entre autres le jeu clownesque et la tactique de jeu. Depuis 1996, elle a participé à près d’une quarantaine de productions avec diverses compagnies théâtrales de Québec (Théâtre Niveau Parking, Théâtre du Trident, Théâtre La Bordée) et a aussi joué partout autour du monde avec deux créations d’Ex Machina.
Catherine Chagnon, de QuébecSpectacles, l’a rencontrée dans l’espace temporaire du Théâtre jeunesse Les Gros Becs, situé à la place Fleur de Lys. Dans cet échange, elle nous a dévoilé le processus créatif qui a mis au monde la pièce Walter Ego, sa toute première création mise en scène à titre de directrice artistique de L’Aubergine, compagnie membre du Théâtre jeunesse Les Gros Becs et qui fêtait cette année, avec humour, ses 46 ans et demi d’existence. Ce fut aussi l’occasion pour Véronika Makdissi-Warren de revisiter son parcours, ses inspirations et de nous partager sa vision de l’art clownesque.
« Création », c’est le premier mot qui vient à l’esprit de Véronika Makdissi-Warren pour décrire son parcours : « Mon grand plaisir, c’est de partir de rien et d’improviser, d’écrire à plusieurs mains. Ça me tient beaucoup à cœur, ça m’anime : la rencontre entre les gens, ce qui va ressortir de nos préoccupations, du moment présent ». Cette créativité caractérise d’ailleurs, selon elle, le milieu théâtral à Québec. Elle se réjouit de voir la relève à Premier Acte, d’y constater le foisonnement des projets artistiques et culturels.
Adepte de l’interdisciplinarité, elle cherche par-dessus tout à rassembler les gens, souvent issus de diverses disciplines, autour des projets artistiques qu’elle crée, dirige ou auxquels elle participe. Son poste de directrice artistique à L’Aubergine lui permet justement de découvrir des créatrices et créateurs, de les rassembler. C’est aussi un beau terrain de jeu pour l’art clownesque, le développer, le faire rayonner, tout en créant des liens entre les disciplines.
« Le clown a toujours fait partie de ma vie », affirme Véronika Makdissi-Warren. En plus des classiques, elle se réfère beaucoup à ses prédécesseurs, qu’ils soient d’anciens professeurs comme Marc Doré, Michel Nadeau ou fondatrices et fondateurs de la discipline : Lina Vachon, Josette Déchène et Paul Vachon. Ce sont elles et lui qui ont eu, « à l’époque, l’idée d’aller vers les enfants, avec les arts de la rue ». D’elles et eux découle son amour du clown, mais elle s’anime aussi à l’idée de : « rencontrer de grands créateurs comme Robert Lepage ou Marie-Josée Bastien, travailler avec des gens qui te motivent, te font te dépasser, qui te mettent au défi. Tout d’un coup, tu découvres de nouvelles choses. »
«[...] Mon grand plaisir, c’est de partir de rien et d’improviser, d’écrire à plusieurs mains.»
- Véronika Makdissi-Warren
Le télétravail dans un petit appartement, le concept de bulle, ça vous dit quelque chose? La réalité sert souvent de point de départ au processus de création et la pandémie se trouve de plus en plus utilisée comme sujet de production artistique. Les contraintes imposées par les mesures sanitaires n’y font pas exception : elles ont orienté le processus créatif de Véronika Makdissi-Warren pour la pièce Walter Ego, un spectacle clownesque pour les 5 à 12 ans (« et la famille! »).
Véronika Makdissi-Warren s’est tournée vers le solo afin de créer un spectacle « COVID proof », qu’elle a proposé à Benoît Lemay; et puisque la bulle familiale permet de contourner les contraintes, qui de mieux que son épouse pour l’appuyer dans sa performance? Mylène G. Lemieux, artiste de cirque et de théâtre, a ainsi accepté de se prêter au jeu pour insuffler du surréalisme à la pièce.
Le personnage et son univers se sont quant à eux élaborés au fil des rencontres, de « moments magiques » entre l’équipe de conception, les artistes et la directrice artistique, qui ont pu créer ensemble, en temps réel, puisqu’ils bénéficiaient d’un costumier dans le local de répétition. Ont suivi des tempêtes d’idées, inspirées d’images de Magritte et de divers éléments repérés sur Internet, faisant émerger Walter Ego d’une réflexion collective.
Impossible de parler d’adaptation sans mentionner celle-ci, liée à l’aspect diffusion du projet : le Théâtre jeunesse Les Gros Becs étant en transition entre leur salle située sur la rue Saint-Jean et leur futur lieu à la caserne Dalhousie, le nouveau spectacle clownesque de L’Aubergine est présenté dans l'espace temporaire à Fleur de Lys. Au-delà de l’adaptation qui en découle, ce nouvel espace offre un avantage : la proximité d’un quartier résidentiel. L’accès à l’art et le développement des publics s’inscrivant dans la vision de la directrice artistique, ce lieu de diffusion s’avère l’occasion idéale pour des publics divers de découvrir le théâtre dans un lieu inattendu.
Scène du spectacle clownesque «Walter Ego», une création de l'Aubergine présentée par le Théâtre jeunesse Les Gros Becs. Crédit photo Yvan Couillard
Véronika Makdissi-Warren aime l’art clownesque sous toutes ses coutures. Elle se tient loin des stéréotypes du nez rouge, espérant faire comprendre aux gens que cette vision limitative n’est pas représentative. Cette forme d’humour utilise en effet de nombreux procédés comiques. « Dans l’art clownesque, il n’y a pas de quatrième mur », souligne-t-elle. La communication avec le public devient donc primordiale. « Un bon clown va toucher tout le monde » en posant un regard sur le monde d’aujourd’hui, un regard d’enfant. C’est précisément ce qui l’attire dans le fait de travailler avec les enfants, au théâtre. Aussi intransigeant que généreux, ce public de demain la motive à offrir de la qualité.
Pour plaire à tout le monde, à toutes les générations, il faut encore permettre différents niveaux d’interprétation. En incorporant des procédés plus classiques, utilisés par Chaplin ou Mr. Bean, la pièce Walter Ego intéressera ainsi les parents, qui reconnaîtront ces procédés comiques « qu’on aime revoir quand c’est bien fait », pendant que les enfants les découvrent.
«[...] Dans l’art clownesque, il n’y a pas de quatrième mur.»
- Véronika Makdissi-Warren
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